Sender: [l--t--m] at [exmachina.be] Reply-To: [c--mi--s] at [exmachina.be] Mime-Version: 1.0 Precedence: Bulk Date: Thu, 30 May 1996 15:04:27 +0200 From: Acchiardo Philippe <[101505 3440] at [CompuServe.COM]> (by way of [c--mi--s] at [exmachina.be] (comics)) To: Multiple recipients of Comics - Sent by <[101505 3440] at [CompuServe.COM]> Subject: Encyclopedie Universalis Bonjour, Tandis que je cherchais une definition sur l'Encyclopedie Universalis version CDROM, j'ai trouve cet article tres interessant concernant la bande dessinee. BANDES DESSINEES Le terme " bandes dessinees " designe la creation objective et le terme " bande dessinee ", un genre ou encore un moyen dexpression considere dans son ensemble. Un rapprochement des denominations utilisees dans chacune des grandes langues permet detablir approximativement une definition. Le francais bande et langlais strip se referent a limage et a la notion dalignement. Litalien fumetto designe, dans le langage courant, le phenomene de condensation de lhaleine par temps froid et, par analogie, lectoplasme issu de la bouche des personnages et dans lequel sinscrivent leurs paroles. La bande dessinee est une forme de recit fonde, comme dans un film, sur une harmonie de limage et du son. Ce recit est fait au moyen dimages dessinees (a la difference du photo-roman), fixes (a la difference du dessin anime), a linterieur desquelles figurent les sons : bruits, commentaires, dialogues ; ces derniers sinscrivent en general dans une reserve blanche aux contours irreguliers, denommee en anglais balloon , en francais, ballon , bulle , ou phylactere. Par la longueur, la periodicite, la fragmentation et la forme de publications (journal), ce recit est comparable au roman-feuilleton. La planche hebdomadaire est constituee de plusieurs bandes correspondant au chapitre et la bande quotidienne, de trois ou quatre images a la scene ou a la plage. Lorsque the little orphan Annie perd son chien Sandy, des milliers de lecteurs supplient le dessinateur de le lui faire retrouver la semaine suivante... Cela se passe aux Etats-Unis ou le president Wilson etait un lecteur enthousiaste de Krazy Kat. Parmi ses successeurs, John F. Kennedy ne se borna pas a lire Superman ; il demanda a ses auteurs, peu avant sa fin tragique, de souligner dans leurs histoires les vertus de la culture physique. Sans doute avait-il pris la mesure de linfluence dun tel moyen de communication de masse. Dautres lont mesure aussi  en realisant des profits considerables. Longtemps victime dostracisme, la bande dessinee, quittant les parois des kiosques pour celles des antichambres de la culture que sont les musees, triomphe sur les ecrans, se deploie sur les affiches, orne les vetements, secourt avec efficacite les marchands dhuile, de lessive ou de fromage, temoigne, a chacun de nos regards, de son emprise sur notre vie. Avec le rapide developpement du mythe dAsterix le Gaulois , lEurope a connu un phenomene comparable  a une autre echelle  a celui qua obtenu Mickey Mouse , apparu 121 fois a lecran entre 1928 et 1949, et quotidiennement dans les journaux, depuis le 1er janvier 1930. Exceptionnel en Europe, le phenomene est plus banal en Amerique. Mandrake le Magicien , que publient 450 journaux depuis 1934, ne totalise que 90 millions de lecteurs, presque trois fois moins que Peanuts , bande retenue par pres de 1 100 journaux. Aucun romancier parmi les plus celebres du monde ne peut se flatter davoir autant de lecteurs, ni de conserver avec eux un contact quotidien pendant tant dannees. En presence dun tel succes, le dessinateur nest plus libre de modifier la personnalite dun heros. Doue dune existence propre, le heros devient mythe, son createur sefface et meurt sans quil en souffre. Une serie de successeurs reprennent le destin du personnage si bien fixe que nul, hormis les specialistes, ne percoit le changement. Il en irait autrement si un tacheron savisait de ressusciter Julien Sorel pour lentrainer dans de nouvelles aventures. Mais qui peut aujourdhui faire la part dHomere dans la composition de LOdyssee ? Qui songerait a sindigner de la contribution de plusieurs auteurs au cycle du Graal ? Comment conceder plusieurs peres a Hercule et les refuser a Superman ? Car les litteratures orales, les legendes epiques et les chansons de geste ont fourni a la bande dessinee la plupart de ses archetypes. 1. Panorama historique Si les peintures rupestres constituent les premieres tentatives du recit en images, linvention de ce dernier revient aux Egyptiens. Trois mille ans avant J.-C., les livres des morts et les murs de tombeaux fournissent lexemple de recits en bandes longitudinales superposees dont le support materiel est la pierre ou la pate de roseau. Les personnages humains sy melent aux dieux anthropomorphes, ces modeles des creatures extra-terrestres et fabuleuses que Superman rencontre dans sa quete cosmique. Deux papyrus conserves a Turin temoignent tout a la fois que les constructeurs des pyramides pratiquaient la satire sociale et mettaient en scene des animaux au comportement humain, procede que devaient populariser Benjamin Rabier (France, 1903) et Walt Disney (Etats-Unis, 1928). Jusquau XVe siecle apres J.-C., les structures narratives varieront peu, tandis que ne cessera pas la recherche dun support materiel ideal : pierre, terre cuite, verre, etoffe brodee puis imprimee, parchemin, enfin papier de chiffon. La colonne Trajane (113 apr. J.-C.), les fresques murales et steles Marjas (VIIIe siecle), la broderie de la reine Mathilde (XIe siecle), les tympans des cathedrales occidentales (XIIe s.), les vitraux de Chartres et de Bourges, les livres dheures, le bois Protat (1370 env.), les premiers recueils dimages (Ars moriendi , de Verard), les block books (XVe s.), Le Jugement dernier de Michel-Ange (XVIe s.) figurent les etapes parcourues par un art en quete dune technique. La diffusion de limprimerie et la pratique du colportage vont accentuer le caractere ambulant de limage : les chansons, les dessus de cheminees et, a partir du XVIIIe siecle, limagerie dEpinal, dabord composee dune gravure unique, puis dune serie de vignettes alignees et munies non de ballons, mais de legendes placees sous limage. Le ballon, apparu dans la caricature en Angleterre au XVIIIe siecle, trahit, par sa forme allongee, son origine ou plutot ses modeles : les phylacteres, rubans deroules a partir de la bouche des personnages dans limagerie pieuse du Moyen Age et dont le bois Protat fournit le plus ancien exemple. La bande dessinee telle que nous la connaissons a pour berceau la Suisse et pour precurseur un maitre de pensionnat, Rodol phe Topffer. Afin de divertir ses eleves, il calligraphie des 1827 (avant de les livrer dix ans plus tard a limpression, sur le conseil de Gthe) lHistoire de M. Vieux-Bois et six autres albums dun humour demeure tres moderne. Chacun deux constitue un feuilleton dessine, compose de rangees dimages de format different  ce qui implique un certain montage  et utilisant le ballon. Lusage du ballon, lintervention du montage et le decoupage en feuilletons sont inconnus du precurseur allemand Wihelm Busch qui, vers 1859, dans le Fliegende Blatter de Munich, compose une serie dhistoriettes, sans liens entre elles, mais animees par deux garnements, Max et Moritz. La premiere bande dessinee francaise, concue selon les principes du feuilleton mais demunie de ballons, est due a un amateur : Georges Colomb, sous-directeur du Laboratoire de botanique de Paris. Il signe Christophe La Famille Fenouillard , dont les aventures sont narrees, a partir du 31 aout 1889, dans Le Petit Francais illustre , hebdomadaire pour enfants, circonstance qui hypothequera lavenir de la bande dessinee en lui fermant le public adulte. Seul de tous les dessinateurs francais, Louis Forton fera un usage tres restreint et sporadique du ballon, en appoint au texte commentant Les Aventures des Pieds Nickeles , parues dans LEpatant des 1908. La premiere bande francaise a utiliser entierement le langage des ballons est Zig et Puce , dessinee en 1925 par Alain Saint-Ogan dans Le Dimanche illustre , et constituant le pendant dune bande americaine, Bicot (Winnie Winkle). Aux Etats-Unis, le ballon est present dans la premiere bande  deja en couleurs  de Richard Dutcault, The Yellow Kid , parue le 17 octobre 1896 dans The American Humorist , supplement dominical du New York Morning Journal . Si, dun point de vue chronologique, lanteriorite revient a Dutcault, on reconnait pour pere de la bande dessinee americaine Rudolph Dirks, auteur de The Katzenjammer Kids , une histoire de garnements ; en depit de deux changements de titre, Dirks na cesse de la dessiner depuis le 12 decembre 1897. Beau record de longevite pour les personnages... et pour leur auteur ! A la notion de planche (sunday page ) sajoute celle de bande (daily strip ) lorsque, le 15 novembre 1907, sous la signature de Bud Fisher, parait dans le San Francisco Chronicle une rangee de trois images contant quotidiennement les exploits de Mr. Augustus Mutt . Des 1912, les grands journaux possedent tous un personnage aux apparitions quotidiennes. A partir de 1916, ils auront tous le meme personnage, ou plutot les memes, grace a Randolph Hearst dont lorganisme, King Features Syndicate, les diffuse simultanement dans le plus grand nombre possible de journaux americains et, bientot, etrangers. En depit de sa rentabilite, une telle methode ne se generalisera en Europe que vers 1946. Tres particularisee, la production reste confinee dans la presse enfantine. Hormis le cas de reimpression, rares sont de plus les personnages publies dans deux journaux. En Italie, les charmants personnages dAntonio Rubino : Lollo et Lalla , Quadratino , voient leur audience sarreter avec celle du Corriere dei Piccoli . Lexistence de Tintin et Milou , de Herge, ne sera longtemps connue que des lecteurs du Petit Vingtieme de Bruxelles ; nee en 1929, cette bande natteindra le grand public, en France, quapres sa reimpression en albums a partir de 1947. Cest seulement en 1930 que parait en France, dans Le Petit Parisien , une bande quotidienne, Felix le Chat , de lAmericain Pat Sullivan, remplacee quelques mois plus tard par Mickey. Quatre ans secouleront avant que ne naisse, dans Le Journal , le premier personnage quotidien dinspiration francaise : Le Professeur Nimbus , dAndre Daix. 2. Evolution et diversification Si les bandes dessinees se repartissent aujourdhui en trois genres : comique, comedie dramatique, dramatique, elles nont longtemps traite que du premier ; dou la denomination anglaise de comics , toujours en vigueur en depit de son anachronisme. Mise en possession, des 1920, dune technique de diffusion et de vente eprouvee, lAmerique se prepare a une conquete des debouches, non sans avoir cherche une amelioration quantitative de sa production dans le renouvellement des themes. On tentera dabord delargir le genre comique ; apres le burlesque (The Katzenjammer Kids ), on decouvrira la comedie et la satire familiales (Bringing up Father , 1913), labsurde et le grotesque (Popeye , 1929), la satire sociale virulente (Lil Abner , 1934), la satire politique (Feiffer , 1956), le non-sens (Wizard of Ud , 1964). Mais, en 1927, la mise en images par Hal Foster dun roman de Edgar Rice Burroughs, Tarzan of the Apes (1914), ouvre a la bande dessinee les chemins de lepopee. A la jungle dAfrique, succede celle des villes dont le justicier est salarie comme detective : Dick Tracy (1931). Puis vient lexploration de lavenir avec Buck Rogers in the XXVth Century (1929), celle des planetes avec Flash Gordon (1934), de limaginaire magique avec Mandrake (1934), du passe avec Prince Valiant (1937) ou dun Far West mythique avec The Lone Ranger (1938). En 1938, la naissance de Superman  personnage dorigine extra-terrestre doue de super-pouvoirs  marque lavenement dune generation de super-heros evoluant non plus dans les colonnes des journaux, mais dans des brochures (comic books ) dont les couvertures participent souvent du surreel. Ces comic books representent aujourdhui les derniers bastions du fantastique et de la science-fiction, en net declin dans le reste de la production americaine. Leventail des themes est beaucoup moins ouvert en Europe, ou les diverses productions nationales, devant linvasion massive des bandes americaines, ont connu une eclipse a peu pres totale de 1935 a 1950. Lapres-guerre enregistre le reveil, la naissance ou lepanouissement de ces productions, et, en particulier, laccession a un marche international de celles qui navaient jamais pu se detacher de laire locale : Argentine ou Angleterre. Ce dernier pays sest distingue sur des terrains que la bande dessinee americaine navait pas abordes  tel celui de lerotisme  et par la creation dheroines nouvelles (Tiffany Jones , Modesty ) ou lerotisation des anciennes (Jane ). Lerotisme, souvent mis au service de la terreur et du fantastique, constitue aussi lune des dominantes de la bande italienne moderne. Le phenomene le plus remarquable des annees 1947-1950 est la naissance dune ecole franco-belge qui, a la faveur dune legislation protectionniste et grace au dynamisme de sa branche bruxelloise, a tres largement reconquis le terrain perdu, tout au moins dans le domaine comique. Si elle na pas reussi a imposer des heros epiques, elle a mieux reussi dans la comedie dramatique  dont le prototype demeure Tintin et Milou  et dans le comique pur ou elle a su tirer le meilleur parti de procedes aussi classiques que la satire (Gaston la Gaffe ) ou la parodie (Lucky Luke , Asterix le Gaulois ). Lecole franco-belge se caracterise par un retour au realisme, quelle a introduit jusque dans le comique, par la precision des decors et accessoires, mais aussi par la manipulation du gag, en particulier du gag sonore. Un emploi tres original des onomatopees et de leur phonetique aboutit a une veritable satire sonore, dont la representation graphique, devenue a son tour spectacle, realise une fusion du son et de limage comme dans les anciennes ecritures ideographiques. 3. Sources et techniques En raison de ses origines, la bande dessinee a longtemps conserve la technique simplifiee de la caricature depourvue de tout artifice visuel : decor tres stylise, voire suggere, personnages representes en pied, de face, sous un angle invariable. La mise en jeu dun univers dramatique a necessite la mise au point dune veritable syntaxe, souvent tributaire du langage cinematographique. Certains specialistes, comme Alain Resnais, font cependant remarquer que -- COMICS ---------------------------------------- Si vous voulez vous desabonner a cette liste, envoyez un message a [m--or--o] at [exmachina.be] avec, dans le corps du message, 'unsubscribe comics'. 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