Date: Thu, 23 May 1996 10:20:57 +0200 From: Acchiardo Philippe <[101505 3440] at [CompuServe.COM]> (by way of [c--mi--s] at [exmachina.be] (comics)) To: Multiple recipients of Comics - Sent by <[101505 3440] at [CompuServe.COM]> Subject: Re: Tabary (Biographie + interview) Jean Tabary Dessinateur et Scenariste 1930 - France Il debute professionnellement en 1956 dans l'hebdomadaire Vaillant, avec Richard et Charlie dont il realise 10 episodes. Deux ans plus tard, il imagine Totoche, toujours pour le meme magazine. Cette serie met en scene une bande de gamins debrouillards, parmi lesquels Jeannot, un gosse timide se fait martyriser par Corinne. Ces 2 personnages acquierent peu a peu leur autonomie et connaissent pour leur part toute une succession de gags. En 1958, Tabary entreprend egalement dans Vailllant les mesaventures de Grabadu et Gabalioutchou. En 1960, dans Pilote, il cree Valentin. Deux ans plus tard s'associant avec Rene Goscinny, il anime les aventures du calife Haroun El Poussah dans Record. Tres rapidement son grand vizir Iznogoud s'accapare la vedette. A partir de 1968, cette serie se poursuit dans Pilote, dans le journal du dimanche et dans Circus. Parallelement, toujours pour Pilote, mais cette fois en temps que scenariste, il participe des 1967 a la serie Buck Gallo, illustree par Mic Delinx. A la mort de Goscinny en 1977, il continue seul Iznogoud, cree sa propre maison d'edition la Seguiniere (rebaptisee par la suite editions Tabary). . Quand avez-vous connu Rene Goscinny? Je l'ai connu en 1959, a la creation de Pilote, dans lequel j'ai travaille des le numero 8. En 1960, nous avons fait ensemble "Valentin le Vagabond", chaque episode comprenant 8 planches. Puis, je l'ai continue, seul, a partir de 1963, en histoire a suite. Et en 1962, nous avons cree Iznogoud pour le numero 1 de Record. . Comment cela s'est-il passe? Goscinny m'a telephone pour me demander si je voulais faire avec lui une autre serie que lui commandait un nouveau mensuel intitule Record. Il etait question d'une serie policiere avec un detective plus ou moins prive. Bref, je dessine un detective et quelques personnages secondaires: il les accepte et me dit qu'il va les presenter avec son synopsis a Record. Quelques jours plus tard, il m'annonce que c'est accepte et il me demande de venir lire le synopsis. Je le lis et, je decouvre avec stupefaction que ce n'est pas du tout une histoire de detective: c'est l'histoire d'un abominable grand vizir, a l'epoque des Mille et une Nuits!... Ah! oui, me dit Goscinny, j'ai oublie de te prevenir: j'ai change d'idee!... j'ai bien sur, redessine les personnages. Dans les premiers essais, j'avais affuble le calife d'un petit collier de barbe que Goscinny m'avait conseiller d'enlever, a juste titre, parce que ca donnait au calife un cote viril et intelligent qui n'aurait pas colle, par la suite , avec le personnage. . Comment collaborez-vous? Dieu sait si je lui ai pose des problemes! Des problemes de retard dans la livraison des planches. Bien des fois, il a du avoir envie de m'engueuler et il aurait eu raison! Une fois, il me dit qu'il venait de bosser toute la nuit pour finir un scenario d'Iznogoud que Record lui reclamait par rapport a leur planning. Moi, je lui reponds en riant: Ah! bon? Mais ils sont dingues, figure-toi que je n'ai pas encore dessine celui que j'ai recu il y a... Il n'a pas tellement apprecie! . Et vous qui etes scenariste, ca ne vous gene pas de travailler sous les directives d'un autre? Pas du tout, quand c'est aussi bien fait, il n'y a aucun probleme. J'ai la chance d'avoir le sens de l'humour, ce qui fait que je comprends tout de suite ce que Goscinny veut exprimer. Quand je recois son scenario, je le lis entierement une seule fois, lentement, pour bien assimiler et bien comprendre, entre autres ce que sont les personnages secondaires et les situations insolites. Ensuite, je n'ai plus besoin de le relire en entier. Meme si, pendant l'execution des planches, il se passe parfois plusieurs semaines. Je me souviens parfaitement de tout. Ses descriptions d'images sont precises, pour l'efficacite du gag; si je ne trahis pas cette efficacite, libre a moi de dessiner la scene decrite comme il me plait; et moi, ce qui me plait, c'est d'approcher les personnages le plus pres possible du lecteur, pour qu'il voit bien leur expression... Je ne suis pas tres doue pour dessiner des grandes scenes d'exterieur, avec beaucoup de personnages et des decors tres pousses, comme sait si parfaitement le faire Uderzo. Et, s'il m'arrive d'en faire, a l'image suivante, vite, je me rapproche du heros... . Lorsque Goscinny voit vos planches, quelle est, en general, sa reaction? Il rit! Goscinny est tres bon public, il n'a jamais adopte l'attitude blase que prennent, malheureusement pour eux, certains redacteurs en chef ou pas en chef! Et ce rire de Goscinny, recharge mes batteries et me donne envie de continuer avec plus d'enthousiasme. . Avez-vous l'impression que Goscinny vous a influence? Absolument! Il m'a influence dans tout, le dialogue surtout: concision, efficacite, etc... Il m'a oblige a faire des choses difficiles, ces choses qu'on ne fait pas quand on est son propre scenariste, pas sciemment, mais inconsciemment. J'ai donc rencontre des problemes de dessins: il a fallu que j'invente un monde des Mille et une Nuits, car je ne me suis jamais documente. Et, c'est heureux, sinon la serie n'aurait pas cette originalite. Cette interview est tiree de celle parue dans Les Cahiers de la Bande Dessinee, numero 22, 1973. -- COMICS ---------------------------------------- Si vous voulez vous desabonner a cette liste, envoyez un message a [m--or--o] at [exmachina.be] avec, dans le corps du message, 'unsubscribe comics'. If you want to unsubscribe from this list, send an email to [m--or--o] at [exmachina.be] with 'unsubscribe comics' in the body of the message. --------------------------------------------------